[F.B] Un départ justifié ?

Suna Gakure, dix heures du matin. Un soleil de plomb frappait le pays tout entier, comme d'habitude ; pas un bruit à l'extérieur outre les cris des divers volatiles peuplant le désert. Komâ s'était endormi seul la veille, ayant même laissée sa dernière proie blonde à l'entrée de son habitat. Ce fut une réaction inhabituelle, l'adolescent étant beaucoup plus entreprenant avec toutes les autres. Cette fois, c'était différent. Ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais pas plus. En tous cas, ce troisième levé en temps que Ninja de Suna Gakure était à l'extrême opposé des autres. Les précédentes fois, il s'était éveillé en catastrophe vers midi et avait effectué le trajet - Salle de bain, petit pain, boîte aux lettres en moins d'un quart d'heure. Au contraire, ce matin là, tout était plus calme, plus reposant. L'homme-élastique prit le temps d'ouvrir les yeux et les volets de bois avant même d'aller se laver, profitant d'une chaleur très marquée pour un hiver. Je vous l'ai dit, cette journée n'était pas comme les précédentes.

Encore vêtu d'un pyjama plutôt court style vacancier, le jeune homme alla tranquillement dans la cuisine où il prépara son petit déjeuner. Il revint ensuite dans la pièce principale, bol de céréales accompagnées de lait à la main et se posa à table aux côtés d'un vieux livre que lui avait laissé son père il y a bien longtemps. Une histoire d'amour à l'eau de rose, une connerie pour les femelles pensait-il. Tout en avalant ses céréales à coups de cuillère, il regardait avec attention la couverture du bouquin, silencieux. Il se ressaisit tout de même brusquement en se levant pour foncer dans la salle de bain. Une fois enfermé dedans, il se prépara un bon bain frais dans lequel il resta plongé quasiment une heure. Une telle attitude ne lui ressemblait absolument pas ; il n'avait pas décroché un seul mot depuis son réveil. Il faut avouer que rares furent les matins où il se retrouva aussi seul. L'adolescent partit chercher de la compagnie dans sa boîte aux lettres, il n'y trouva que le retour des rapports de missions. Comme tout bon Ninja, il ouvrit les enveloppes et regarda les comptes-rendus sans même prendre le temps de rentrer tranquillement dans son appartement.

Komâ - QUOI ? QU'EST-CE QU'IL VEUT CE PUTAIN DE KAGE DE MERDE ? IL EST PAS SATISFAIT DE MA FACON D'AGIR ? QU'IL AILLE SE FAIRE FOUTRE PUTAIN !!!

Un cri de colère et de rage qui réveilla sans doutes certains voisins. En fait, sa première mission était un échec d'après les dires du KazeKage ou de ses consultants, je n'en sais rien. Cette lettre eut donc l'effet d'une bombe mais pas seulement. Elle venait quand même briser une matinée hors-normes tant elle était douce jusqu'alors et Komâ ne sembla pas capable de tenir le choc. Son comportement abusif qu'on peut même qualifier de brutal venait de lui coûter vingt ryôs mais aussi et surtout sa fierté, son honneur. Ça lui retombait dessus de façon juste finalement puisqu'en incitant les voisins à se battre entre eux, il avait anéanti l'honneur des perdants. Il n'était cependant pas question de remise en question puisque rien de tout ce que je viens de dire ne lui passa par la tête. L'adolescent était propre et habillé, il n'avait besoin de rien d'autre pour quitter les lieux. Toujours dans un état de transe, il ouvrit la porte de l'immeuble mais fit alors face à Lucy, la demoiselle rencontrée la veille.

Komâ - Suis-moi toi.

Sans comprendre ce qu'il se passait, la jeune blonde le suivit ; la bouche à demi-ouverte d'étonnement, regardant le jeune homme avec curiosité. Que comptait-il faire ? Ainsi, il traversa le village tout en longueur, presque en courant, jusqu'aux portes de Suna Gakure. Deux hautes falaises se dressaient devant lui et la porte en question n'était rien d'autre qu'une fissure dans cette immense roche. Il y avait des gardes, bien sûr, mais quels intérêts pouvaient-ils portaient à ce couple d'adolescent qui semblait juste partir dans le désert. Après tout, Komâ était déjà passé par là quelques jours plus tôt pour rejoindre son père dans un espèce de temple bizarre qui n'annonçait rien de spécial. Bref, l'heure était venue pour le jeune homme aux cheveux roses de s'en aller.

Komâ - En fait non ! Tu vas rester ici, je vais me casser tout seul. A un d'ces jours, peut-être.

Quel stress flagrant chez ce garçon tout de même. Incapable de prendre une véritable décision. Il se pourrait même qu'il rebrousse chemin au bout d'une demi-journée passée sous le soleil accablant du désert. S'en aller aussi inconsciemment, sans ressources, sans autre défense que ses pauvres petits membres élastiques. Une pure connerie, comme depuis sa naissance. A croire qu'il est né pour les accumuler cet abruti. Enfin bref...

Komâ - Qu'ils crèvent tous dans ce village paumé et encore plus emmerdant que ma mère elle-même...