« Putain, pourquoi il pleut tout le temps ici?! Ah, je déteste l'eau! Et je déteste ce village de merde!! »
D'un côté, il n'a pas tord. Il pleut toujours dans cet étrange endroit d'Amegakure. Se déplacer jusqu'ici n'a pas été une partie de plaisir. De plus, le lieu où nous devons nous rendre est à une grande distance. Je marche en avant de mon camarade. Le sol, comme nous d'ailleurs, est trempé, et de grandes flaques à certains endroits se sont formées.
« La ferme, Hidan. »
Hidan...Mon camarade de mission, mon binôme dans l'Akatsuki. Je l'ai recruté il y a quelques temps déjà, pour un trait chez lui réellement particulier; son immortalité. Oui, Hidan ne peut mourir, tout à fait. Ceci est très étonnant, il survit, même décapité. Sans doute grâce à son dieu, Jashin. Toujours très agaçant, avec ses prières. Prendre une heure à prier un dieu... Le monde fonctionne à l'argent, c'est la seule chose universelle en ce lieu. L'enfer aussi. Je devrais être bon de ce côté-ci.
Une nouvelle mission nous a été confiée. Par Pain, le leader. Pas énormément rémunérée par le client. Mais un peu d'argent est toujours bon à prendre.
Tuer le concurrent d'un paysan qui désire obtenir tout le monopole du marché...Encore une preuve que l'argent règle les vies.
Des arbres...Des arbres à n'en plus finir. Rien de moins à attendre, lorsque l'on se trouve à la limite du Pays du Feu. Le soleil palot dans le ciel hivernal lance avec peine ses rayons jusqu'à nous, sans pour autant nous réchauffer, seulement nous éclairer. Une journée de marche est le temps que nous avons pris. Ce n'est certes pas énorme. Mais Hidan n'est pas de mon avis
« Kakuzu, quand est-ce qu'on arrive, bordel?! »
Oui, vous l'avez remarqué, Hidan est vraiment du genre râleur. Et encore, s'il ne disait ça que de temps en temps. Mais c'est la troisième fois depuis que nous sommes parti. Je ne réponds pas. Comment répondre à une question aussi puérile sinon par un silence de mépris?
Le sol sous nos pieds est granuleux. Les arbres n'ont plus de feuillage, leurs griffes squelettiques – d'une couleur grise terne - tendues vers l'Astre. Un vent froid souffle des terres nordiques, passant en sifflant entre les végétaux. La nature est figée, un silence de mort alourdissant l'atmosphère.
Seuls nos pas résonnent légèrement, bruit fait par les étrangers qui ignorent où ils se trouvent.
Je tiens entre mes mains une carte, pliée et abimée aux coins, jaunie par le temps. Une carte du monde. Les différentes contrées y sont dessinées, différenciées les unes des autres par leur emblème. J'utilisais déjà cette carte avant ma désertion, et ne l'ai jamais abandonnée. Très utile pour un chasseur de prime comme moi. Une croix est faite au crayon sur le Pays du Bois, faite par moi-même. Notre cible est un paysan qui se trouve au Sud-Ouest. L'Akatsuki a dû perdre en prestance pour accepter que ses puissants mercenaires remplissent de telles missions...Mais enfin, peut être qu'ainsi nous gagnerons en prestige? Les arbres se raréfient. Nous débouchons dans une clairière, où des souches d'arbre ont été laissées apparentes. Je vois. Ils vivent donc du bois qu'ils récoltent dans ce pays? La concurrence doit être rude, puisque tous les habitants ont accès à la matière première sur laquelle repose leur business. La dure loi du commerce. Certains n'hésitent d'ailleurs pas à abattre leurs concurrents, comme notre client d'aujourd'hui. Hum...Il faudra que j'ai un entretien avec lui ensuite.
Devant nous, le petit village vague à ses occupations. Nous vagabondons dans les rues, observant ces étranges petites maisons; elles ne sont faites qu'à base de rondin, donnant des sortes de chalet – apparemment – peu solides, mais sans doute aussi peu chers.
Après quelques minutes de déambulation dans le petit hameau, nous arrivons finalement à une maison qui semble occupée par une personne plus...Aisée que les autres. Il y en a une seconde, quelques centaines de mètres plus loin, sur le même modèle. Notre cible sans le moindre doute. Je sors de sous mon manteau une photographie, afin d'identifier celui que nous devons abattre.
Toquant à la porte de la première maisonnette, j'attends, jusqu'à ce que finalement un paysan, que je domine d'une tête et-demie, daigne m'ouvrir. Brun aux yeux verts, cheveux en batailles, portant une salopette rayée qui remonte jusqu'à ses épaules. C'est lui.
« Ouais, c'pour quoâ? » dit-il avec un accent terriblement prononcé. Hidan s'apprête à parler, mais sans lui en laisser le temps, je pénètre dans la maison, repoussant l'homme à l'intérieur.
Je fixe mon regard dans celui de notre cible, qui se trouve au milieu du vestibule. Il comprend tout de suite nos intentions. Après un juron, il part en courant en arrière, sans doute pour fuir. Je me retrouve devant lui, l'empoignant soudain d'une main à la gorge, le soulevant au-dessus du sol. Mon regard se promène partout dans la pièce. Des tableaux sont accrochés au mur, côtoyant des tapisseries, ainsi que des fourrures au sol. L'homme tente de se défaire de mon emprise, tenant mon poignet à deux mains, donnant des coups de pied dans le vide
« L...Lâchez-moi!...Sinon je... »
Sans même le regarder, je l'interrompt
« Vous avez une bien jolie maison...J'ai été envoyé ici car vous êtes...Comment dire? Endetté. »
La surprise apparaît dans les yeux de mon interlocuteur. Je l'entends marmonner des « C'pas possible, vous mentez... ». Je poursuis malgré tout
« Votre femme joue, vous savez...Il y a deux mois elle a tout perdu. Pas de chance. Quoi qu'il en soit, vous devrez tout payer. Sinon...Je vous tue, et après je vends les biens. Acceptez-vous? »
Il cesse de se débattre. Sa tête fait un mouvement affirmatif. Il est vaincu et abattu de la nouvelle.
Je le laisse tomber au sol, puis sors un papier de mon manteau, ainsi qu'un stylo.
« Signez. »
Sans même lire, il signe aux endroits que je lui indique, laissant échapper un sanglot. Sous mon masque, un sourire diabolique s'affiche. Quelle tristesse que l'amour puisse à ce point vaincre l'attention d'un homme. La simple nouvelle de sa femme lui mentant avait suffit à le briser totalement. Alors que je range le contrat, j'attrape l'homme de nouveau. Cette fois-ci, mon but n'est pas de le soudoyer. Mais de le tuer. Entre mes mains puissantes, sa gorge cèdera d'ici peu. Mais laisser du sang serait une erreur. Le tenant toujours, j'avance entre les pièces, puis après un long couloir, débouche finalement à l'arrière de la maison. Une petite porte vitrée donne sur les champs. D'un coup de pieds dans la porte, je l'ouvre, pour sortir au-dehors. Au milieu des étendues enneigées, une large rivière passe. Il n'y aucun arbre ici. Je tourne les yeux vers le paysan
« Je crois bien que c'est un au revoir. »
« Il est où l'autre bouseux, Kakuzu? »
« Dans la rivière. Les eaux sont profondes et le courant rapide. Dans une journée tout au plus, son cadavre sera au milieu des requins, dans la mer. »
« Au fait, c'était quoi cette histoire de jeux et de femme là? »
« Un mensonge. Faire disparaître quelqu'un est facile. Mais il faut ensuite s'arranger pour que personne ne s'interroge sur sa disparition...Et l'organisation a besoin de fonds. »
Je montre alors une mallette, que je tiens d'une main, avant de poursuivre
« Je lui ai fais signer un contrat où il cédait tous ses biens à l'organisation. J'ai tout vendu. »
« Et...Sa maison? »
« Brûlée. »
J'en ai également profité pour récupérer l'argent de notre mission. L'autre fermier a fait une drôle de tête. Mais tant pis. Dans la mallette, il y a quatre milliers de ryos, sur lesquels j'ai prélevé mon salaire. Le reste revient à l'organisation.
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