Un Faucon À La Chasse

Le froid était de vigueur aujourd’hui, des bourrasses de vent ne s’arrêtant jamais. Elles étaient fraiches, et la température ambiante n’étant pas déjà forte, comprenez la présence d’une veste en plus sur mon corps. Kazou, mon aigle ne semblait pas du même avis que moi, ses plumes le gardant chauffé à bloc. En même temps, c’est lui qui désirait sortir, et non moi. Le soir comportait de bonnes heures pour chasser les dormeurs, et Kazou avait une faim…d’aigle. Les proies de l’aigle royal étaient nombreuses, des lapins, des chamois, des blaireaux, des serpents et même des aigles. À terre ou dans les airs, il était difficile d’échapper à un animal si rapide et efficace. La seule chance était de se réfugier dans un abri, comme un trou, ou de se battre comme un homme, et non de fuir. Notons que Kazou était un redoutable chasseur, qu'il était redouté de tous dans le coin, ayant massacré une famille de lévriers en une semaine une fois. On le reconnaissait par ses quelques plumes jaunes/or situées à l'arrière de son petit corps, ainsi que par la brillance de ses yeux. Kazou repéra quelque chose sur terre, la chasse, la poursuite, la vraie de vrai pouvait commencer.

Kazou piqua sec vers le bas dès qu'il vit le gibier courir dans les bois. Alors que lui était au-dessus de la forêt, moi j'y étais devant, mais pas dans les airs pour ma part. Je dus courir rapidement pour ne pas perdre de vue mon "aiglou", étant en chute libre, sa vitesse était décuplé. L'animal perçut par le mien était un cerf, avec les cornes et tout le tralala. Sa corpulence était énorme, beaucoup de chair étaient couvertes par son poil fin. Si nous l'attrapions en duo, la nourriture serait suffisante pour une durée d'une semaine, pour lui, mais aussi pour moi. Il avait la priorité évidemment, mais autant de nourriture, ça se partage quand même. Enfin bref, le cerf m'entendant, il galopa tel un cheval cravaché par un jockey. Kazou le poursuivait, quelques mètres plus loin. Le cerf avançait rapidement, mais mon compagnon réussissait à ne pas le perdre ni de vue, ni d'odorat. Personnellement, j'étais à la rue, je sautais d'arbres en arbres, mais c'était insuffisant. Soudainement, un cri retenti, celui d'un animal blessé, mutilé. Je craignais pour Kazou, on ne sait jamais, la puissance des cornes d'un cerf n'étant plus à prouver.

J'accourai vers le lieu du gémissement à toute hâte. Des branches de bois frappaient mon visage violemment, mais je m'en moquais. Le plus important était de rejoindre Kazou, en victorieux ou en vaincu. Ce que je vis ne me tua pas, ne me fis pas pleurer, mais ne fis pas non plus rire. Kazou était par terre, inerte à première vue, avec du sang à la hauteur de son ventre. Le cerf avait disparu, de peur de son maître, qu'il avait certainement entendu, senti, c'est-à-dire moi. J'étais choqué parce que je voyais, je n'en revenais pas. Mon visage se crispa, non de douleur, mais de tristesse. Je me précipitai vers son corps, pour constater sa survie ou pas. Par chance, sa blessure n'était en fait que superficielle, une corne l'avait effectivement atteint, mais pas au ventre. En effet, il était juste touché à l'une de ses pattes. Le sang qui provenait du bas de son corps était en fait celui de l'autre animal, il l'avait surement mordu à plusieurs reprises avec ténacité. De ce fait, le cerf avait une écorchure d'où coulait du sang si précieux. Ce qui implique qu'il tombe par terre, au sol. Des taches rouges indiquaient donc la trajectoire pris par l'animal. Après avoir pris des nouvelles de Kazou, des bonnes, je commençai la poursuite en suivant les indices laissés par l'animal. Kazou désira m'accompagner se sentant en forme, il tenta de voler, il réussit. Il me promit de ne plus me quitter de vue, à moins de 100 mètres en tout cas, puis nous partîmes sur la piste du blessé.

Du sang sur le sol, du sang sur les feuilles nous indiquaient l'orientation prit par le cerf mutilé. Il se dirigeait vers le Nord, lentement certainement, sa blessure le ralentissant. J'étais obstiné à le retrouver, et à lui faire la peau. Une mort douloureuse, longue mais pas un massacre. Nous avions faim quand même. En même temps, je disais ça mais je respectais les autres ainsi que les animaux, je n'étais pas un homme sanguinaire. Ce n'étaient que des paroles en l'air, même si évidemment, j'avais la rage envers lui. Les taches de ce liquide rougeâtre augmentèrent de taille plus nous marchions vers l'avant. Il devait perdre de plus en plus de sang, sa vie tenait à un fil, ou plutôt à des heures. Que j'agisse ou pas, il mourra de ses blessures. Malencontreusement, l'odeur de ce tissu pouvait attirer des loups ou d'autres animaux affamés. La traque n'était pas si facile qu'il n'y paraissait, des obstacles de chair pouvaient intervenir. C'est ce qu'il se passa quand une meute de loup bondit d'un buisson voisin derrière nous, en direction du cerf, et vers nous sur une échelle minime.

Je les comptais au nombre de six, à égale distance de chacun. Ils avaient tous, sans exception, la gueule ouverte, la langue sortie pleine de bave écoeurante. Leurs regards étaient ceux de chasseurs, chassant leur proie à tout prix. J'étais donc une proie secondaire, sur le chemin de celle principale, le cerf, qu'ils avaient repéré par l'odeur de son sang. Nous étions deux, ils étaient donc six, une infériorité numérique que je commençais à m'y habituer, par mes multiples sorties. Je décidai de m'occuper de tous les loups d'un coup, en utilisant un jutsu technique. Kazou me devança et attaqua le plus proche de lui, en tentant de lui crever les yeux. Les crocs de l'ennemi furent à plusieurs reprises non loin du corps de mon compagnon, mais par esquive et persévérance, il survécut et vainquit son vis-à-vis. Pendant ce temps, je faisais front aux cinq autres loups, avec amusement et une poignée de sérieux. Un Kunaï sous la gorge, plus que quatre, une boule de feu en pleine face, plus que trois, cinq Kunaïs dans le dos, plus que deux. Les derniers loups semblaient être les plus forts, les chefs de la meute. Ils étaient deux pourtant, sûrement, un père et un fils. Deux contre deux, enfin un combat équitable au nombre. Chacun en prit un, chacun en ressortit vivant. Le père mourut sous mes éclairs de génie, ou plutôt mes techniques de Raïton, tandis que son fils périt par les nombreuses écorchures, enfin blessures causées par Kazou.

Kazou ne reprit pas son envol, mais resta plutôt sur l'une de mes épaules, pour récupérer quelques temps. La charge du cerf et du loup l'avaient fatigué, sa faim s'en était alors décuplé, car pour lui, manger était le meilleur moyen de péter la forme. La traque reprit donc, rapidement, le temps en était compté, le cerf devait être mort à présent. Les vautours devaient peut-être déjà en train de dévorer ses restes. Plus aucun danger, plus aucun retard perturbèrent notre avancé vers leur objectif. Fort heureusement, nous trouvâmes le cerf au sol, mais ni mort, ni entamé par un autre animal. La victoire était à nous, ainsi que la récompense, un repas bien mérité, après cette course poursuite pleine de péripéties.

J'avais compris ce qu'il avait dis, nous étions grâce à cette histoire reliés par un fil invisible, par une force inimaginable. Nous étions devenus plus que des compagnons, des amis.